Artiste depuis : l’adolescence, mes premiers films en super 8 et l’écriture …
Formation : philologie romane et cinéma
Un.e artistes c’est : quelqu’un qui pense pouvoir soulever des questions ?
Juliette Roussel : Dans ce qui fait de toi une artiste, tu cites tant l’écriture que les films, pourquoi?
Pour moi, cinéma et littérature vont de pair. L’un transcrit des formes visibles en vidéo graphique et cinématographique ; l’autre, c’est plus souterrain pour moi… mais peut-être plus pour longtemps. Après l’ennui abyssal de l’école secondaire, j’ai ressenti le besoin de m’instruire. Je savais que je voulais étudier le cinéma mais j’ai d’abord fait un master en philologie romane. J’ai travaillé l’adaptation des œuvres littéraires au cinéma. J’aime le fait qu’il y ait une porosité entre les différentes formes d’art, le son, l’image, le texte.
Quelles ont été tes sources d’inspiration au cinéma ?
Les femmes inspirantes, les figures. Lors de mes études de cinéma, on ne visionnait pas beaucoup de films réalisés par des femmes. C’est pourtant passionnant. Aujourd’hui, en tant que professeure*; je prends ma revanche, je partage beaucoup avec mes élèves, des œuvres de femmes, de réalisatrices racisées ou queer. L’idée est de les emmener ailleurs, d’ouvrir des portes.
Après les études, comment tu as vécu le grand saut dans la vie professionnelle ?
Joyeux ! J’ai toujours travaillé en tant que réalisatrice, j’ai eu des projets professionnels, des courts métrages documentaires financés qui ont bien circulé, j’ai également reçu beaucoup de gratification. J’ai aussi toujours gardé en parallèle de ces films produits et diffusés, des petites formes bricolées. Par ailleurs, je faisais part de collectifs dans lesquels j’ai eu mon mot à dire, de commissions dans lesquelles j’ai siégé. Je considère que c’est une chance. Et en même temps, si une copine m’appelle pour boire un café, j’y vais. J’aime le travail artistique mais je ne le ferai jamais au prix du temps passé avec les enfants ou avec les ami.e.s et c’est ok.
En avril 2024, tu as ouvert les portes de ton atelier, était-ce ta première participation à Parcours d’Artistes ? Connaissais-tu l’initiative ? Et que t’a apporté le fait d’y prendre part ?
Je suis Saint-Gilloise depuis 30 ans, je le connaissais bien pour avoir souvent visité les ateliers. J’ai d’ailleurs souvent dit, je le ferai une fois. Et puis en discutant avec Nathalie, en voulant l’encourager, je m’y suis lancée moi aussi. La cerise sur le gâteau, c’est que le jury nous a primées ! J’ai été très étonnée par le nombre de visiteurs, de chouettes gens créant plein d’interactions. Certains sont même revenus le week-end suivant. C’est tout simple, on met notre panneau devant la porte et c’est parti. Le Parcours d’Artistes permet un autre processus, montrer ce que tu as envie de partager à un moment donné. Quand les longs-métrages demandent trois ans de réalisation, ici on peut montrer autrement, rester dans un mode de production plus léger, plus souple ou expérimental, cela permet de dire autre chose. Je trouve que c’est puissant de réfléchir à cette façon de sortir du système qui impose souvent la sélection, l’excellence, la compétitivité. Un bémol : on ne peut pas visiter les autres ateliers.
Sur quoi travailles-tu pour le moment ?
Pour le moment, je travaille sur l’expo***. Une installation, un récit. Cela dit, ma production n’est pas encore totalement définie et j’aime ne pas encore savoir la forme que ça va prendre. Je travaille également sur un film, un réseau de femmes alliées reliées entre elles, un rhizome. Et puis, je poursuis aussi un projet plus hybride, un jeu vidéo dans une forme inédite qui devrait être terminé pour avril. Hâte !
Ines Rabadan est professeure de cinéma et de narration à l’Erg et à l’Insas Exposition avec les Coups de Cœur de Parcours d’Artistes du 4 au 27 avril 2025
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