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mars
7 mars

arbo-naissance

Le Salon d'Art
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Simon Outers grave l’absence dans la présence. D’un trait vif qui décape le réel, il interroge des vies humaines, le mystère des arbres, les rencontres entre les premières et les seconds, il confronte des figures décentrées, des visages happés par des collages à la germination du végétal. La gravure est habitée par un temps long, frère de celui de la croissance des grands silencieux, les arbres. Si, aux yeux de l’artiste, l’humain n’est pas irreprésentable, il contrarie pourtant toute mise en image, mettant en crise la figuration. Les phénomènes du vivre qu’il explore avec un ensemble expérimental de techniques ressaisissent la sève unique qui anime la culture et la nature. Le disparu se dépose à la surface d’images complexifiées. Le regard de Simon Outers se fait tantôt ironique, tantôt poétique. Il campe un monde d’incertitude que seul son art de la composition arrime.
Les portraits de famille, il les grave dans une mémoire qui noue le familial au géologique, la société à la genèse des existants. Le rapprochement entre le règne humain et le règne végétal s’opère par un agencement de l’espace qui réverbère les flux et les strates du temps. On pourrait parler d’une quête d’équivalence entre naissance des traits gravés et naissance d’un monde. Les réalités se fondent les unes dans les autres, des troncs d’arbres, des cimes luxuriantes se superposent à une constellation de visages. Le mouvement, l’élévation, la croissance vers le ciel, la couleur appartiennent aux arbres tandis que les visages sont souvent captifs d’une immobilité.
Victimes de la sixième extinction massive des espèces, des animaux sauvages n’apparaissent plus qu’en creux, découpés dans la forêt. De part et d’autre de l’image, surplombant les animaux laissés en blanc, Simon Outers dispose deux tableaux, l’un abritant des dessins miniatures du crocodile, du dromadaire, du lion et autres espèces, l’autre présentant des familles d’arbres. La civilisation des forêts plonge les sociétés humaines dans un mirage. Paysages délayés, passés dans un test de Rorschach, êtres saisis dans une sarabande chorégraphique… Sur une œuvre, nous voyons une fillette jouer à saute-mouton. L’œil de Simon Outers pratique un saute-mouton esthétique qui, jouant avec les brisures de symétrie, la disjonction des plans, évide le plein et relie le dispars.
Véronique Bergen