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​Nicolas Hauzeur et François Postic

Interview

Nicolas Hauzeur et François Postic sont, notamment, les organisateurs des soirées balkaniques organisées régulièrement à la Maison du Peuple mais aussi à la Tricoterie et à Recyclart. Nicolas nous reçoit chez lui entouré d’instruments. Il dépose moussaka bulgare et rakia sur la table en guise de bienvenue… le voyage a déjà commencé.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

François : J’étais tout petit ; cela ne va pas te rajeunir (rires), il est venu jouer dans le lieu de programmation de mes parents. Puis, il y a eu les stages à l’aca d’été dont il a été le directeur artistique (…) des stages en Roumanie; c’est là qu’on s’est réellement rencontré en 2013.

Nicolas : Quand je l’ai connu, il avait de très longs cheveux (rires). Après la Roumanie, François et un autre musicien ont eu l’envie de jouer ces répertoires à Bruxelles ; ils ont créé le Balkan Brussels Jam qui a commencé… à Saint-Gilles à la glacière.

François : oui dans un petit café chez Roger (de son vrai nom « le brise-glace »)

Nicolas : et moi, forcément j’y venais, j’aimais bien la dynamique. J’ai interpellé François pour qu’on travaille ensemble ; je l’ai impliqué dans l’orchestre (The Brussels Balkan Orchestra).

Vos apports respectifs dans ce projet commun ?

François : Ça dépend de la soirée, de l’évènement.

Nicolas : oui et ça me fait plaisir car c’est une autre génération et d’autres contacts que les miens, d’autres énergies.

Nicolas, d’où vient votre lien avec cette musique ?

Nicolas : j’essaie encore de me l’expliquer. C’est assez fort la façon dont j’ai tissé ce lien (…) J’ai 17 ans quand le mur de Berlin tombe, l’année suivante je suis une famille hongroise en Hongrie : l’odeur du paprika, cette langue folle (…) A ce moment-là, quand on cherche des réponses, il y a les films, notamment ceux d’Emir Kusturica et de Tony Gatlif que « je mange » (…) J’irai avec quelques artistes bruxellois animer des camps de réfugiés bosniaques ; j’apprends le serbo croate. Et puis, je pars en Bulgarie. A mon retour, je n’ai pas arrêté de diffuser et parler de cette musique, j’ai commencé à développer un lieu en Transylvanie qui est devenu une école de musique, j’ai créé un réseau avec la Bulgarie.

Pour ceux qui ne connaissent pas ou peu cette musique, qu’est-ce qui la singularise ?

Nicolas : Je conseillerai aux gens de regarder Latcho Drom de Tony Gatlif ; ça donne une autre couleur que les fanfares qu’on connait habituellement. Parce que la musique des Balkans est d’une richesse…Tu fais 50 km et le son est diffèrent. Parfois, il s’agit de traverser une montagne ou une rivière (…) Tu as l’influence des grandes cultures musicales : Constantinople, Budapest, Belgrade. Tu as l’influence des roms qui l’utilisaient tellement qu’ils l’ont porté à un niveau de célébration super fort : Il y a des chansons pour tous les cas qui peuvent t’arriver dans la vie (rire), TOUT, de « je vais me marier », « je dois partir travailler ailleurs » à « mes amours ne vont pas » ou « ma mère est malade »… C’est incroyable ; on peut te chanter ce qui te fait du bien.










A quoi peut-on s’attendre qu’on participe à une soirée balkanique ?

François : L’ambition, c’est de pouvoir un peu mélanger le public habitué de nos soirées Jam – plutôt saint-gillois ou bruxellois - à d’autres communautés (bulgares, roumaines, grecques) qui ne viennent pas spécialement boire un verre dans nos soirées mais qui sont prêtes à se déplacer pour un bal

Nicolas : oui, on n’est pas des puristes mais on trouve que ce type de danse collective et vibratoire est commune à plein de pays … On a envie de « réinterpeller » le public sur cette dimension collective.

Voyez-vous une différence depuis vos débuts ?

François : Oui. Il fallait le temps pour le bouche à oreille et il fallait aussi que l’on s’adapte ( ndlr : musiciens) car c’est tout récent qu’on joue pour des danseurs…

Nicolas : Petit à petit, on a fusionné nos publics et il y a plus de diffusion. C’était important qu’on se rejoigne. Maintenant, les gens ont compris : « Ah c’est François et Nicolas, ça va être le même genre de truc… »



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